lundi 29 décembre 2008

Une Certaine Dame

Je voudrais aujourd’hui vous parler d’une chose qui souvent se tient au bout de notre route, nous attendant au tournant, d’une dame qui sans y être conviée se fait fort de nous tenir compagnie, d’une présence dont on se passerait bien volontiers mais avec laquelle nous devons apprendre à vivre.

Pour vous aider à la reconnaître, je devrais vous proposer une définition mais en réalité je n’en ai pas : elle si changeante, si susceptible et tellement fonction des choses et des gens à qui elle s’intéresse.

Aussi, je n’ai aucun portrait robot, aucune image, aucun son, aucune senteur, aucune saveur ! Bref, aucun indice palpable, aucun sens pouvant être désigné comme principal fil conducteur ou comme principal canal de perception. Rien !



Aussi dramatique que cela paraisse je n’ai aucune solution pour vous permettre de l’éviter. Aucune parade, aucun antidote. Faute de mieux, je vous propose des indices et j’en ai trois :

Premier indice : Immatérielle est sa forme préférée. En effet, invisible et imperceptible, on ne la voit pas arriver et sa présence cuisante ne se ressent qu’une fois devant vous. Silencieuse, son pas est feutré ; passe muraille, aucune serrure ne lui fait obstacle. Envahissante, elle n’hésite pas à vous coller à la peau, à vous prendre la tête, à vous serrer la gorge : la vue se brouille, le cœur se brise, l’âme se perd.

Prédatrice, cruelle et omnivore son passage dans votre vie est quelque fois libérateur, souvent dévastateur et toujours formateur,
Immatérielle mais tellement pesante,
Immatérielle mais tellement brûlante,
Immatérielle mais tellement blessante.

Voyez-vous, s’il vous était laissé le choix vous auriez sûrement préféré des ronces piquantes à sa cruelle légèreté, les lames du fouet à sa douleur pénétrante ou des bosses évidentes à son venin insidieux. Oui, immatérielle et tellement présente !

Mon second indice vous renvoie à sa source principale, les autres : De votre meilleur(e) ami(e), qui vous montre un visage jusque là méconnu, de votre collaborateur sur qui vous n’aviez que des certitudes, de votre conjoint avec qui vous croyiez faire un. Je vous l’avais dit, aucune porte ne lui résiste. Aucune ! Elle voyage par tous les moyens sans distinction, elle arrive par tous les canaux : un coup de fil, un mail, une visite. Elle s’invite chez vous toujours au pire moment et s’installe sans ménagement ; vous faisant perdre votre temps, votre énergie et vous rendant proprement inefficace.

Le troisième indice enfin, est qu’elle habite en nous, et souvent sans le vouloir, nous la dispensons volontiers. Autant elle peut venir des autres, autant elle peut venir de nous. Autant par les autres elle nous gâche l’existence et nous blesse, autant par nous elle peut gâcher la vie des autres, et les blesser. Sa présence en nous découle de notre imperfection, sa puissance de notre intolérance, sa nuisance de notre manque d’humilité. Combien de fois n’avons-nous pas éprouvé de la honte pour une attitude que nous voudrions renier, une parole que nous aimerions retirer. Sa présence dans notre vie est inévitable puisqu’elle découle de notre humaine fragilité, de nos vaines ambitions et de nos stupides réactions ; sans oublier nos petites lâchetés et nos égoïsmes patents.
Alors que faire ?

Vous l’avez compris, celle que j’essaie de vous présenter ne vous est pas étrangère : Déception est son nom. Seule ou accompagnée de sa cousine la trahison, son passage n’est jamais anodin, et son prix est toujours élevé.

La déception, moins cruelle dit-on que la trahison, pire que la solitude. Petite ou grande, on lui impute volontiers nos échecs sans savoir qu’elle peut être à la base de nos succès. Arme de destruction, elle peut devenir source de rédemption. Bien de fois la cause de nos faiblesses, elle peut aussi être la raison de notre hardiesse.

Aussi, sachant que vous y aurez affaire tous les jours, puisque vous la portez en vous, sachez l’apprivoiser. Pour l’empêcher de vous dominer, sachez la dominez. Au quotidien, faites l’effort de la bouter hors de votre vie, et refusez lui le droit de vous gâcher l’existence.

Après son passage, faites le vide puis repartez du bon pied. Et pour ceux qui sont croyants, ne perdez jamais de vue la dimension spirituelle. Pour combler nos pertes matérielles nous avons les assurances, une multitude de petits parapluies pour de nombreux petits sinistres. Pour panser un cœur blessé ou consoler une âme en peine, un seul parapluie, un seul bouclier : LE PERE.

A propos de l'auteur : Alice Henry est le Secrétaire Général pour le mandat 2008-2009 de OUAGA FORUM Toastmasters Club de Ouagadougou (Burkina Faso). Inspecteur des Impôts de profession, elle est aussi enseignante à l'Ecole Nationale des Régies Financières( ENAREF) de Ouagadougou.

1 commentaire :

Anonyme a dit…

Waaoowww! Tres beau texte. Et quel style! Felicitations a l'auteur.
Georgette