Qu’auriez-vous fait ? Qu’aurions-nous fait ? Qu’aurais-je fait ? Oui, Mesdames et Messieurs, chers collègues Toastmasters, qu’auriez vous fait ? Qu’aurions nous fait ? Qu’aurai-je fait avec cette corde, confronté à cette situation ?
La corde a longtemps servi à ôter la vie. Au moyen âge et lors de la conquête de l’ouest lointain, « le far-west », elle a servi à pendre haut et court de nombreux bandits de grands chemins mais aussi des innocents. Je ne voudrais par parler de cette corde là. Je voudrais vous parler de la corde de vie. Soyons tout ouïe et transposons nous dans ce temple, lequel ? Peu importe, pour vivre ou nous remémorer cette fabuleuse histoire.
Les fidèles étaient venus nombreux pour participer à l’office religieux ce jour là. Les superbes tailleurs portés par les hommes et les femmes, les senteurs des parfums qui flottaient dans l’atmosphère - que de délices pour la vue et l’odorat - auguraient d’une cérémonie exceptionnelle! Sans aucun doute, un invité de marque y était attendu. A l’heure convenue du début de la cérémonie, le pasteur se leva et marcha lentement vers la chaire. Avant de donner son sermon, il présenta brièvement un pasteur invité.
Dans son introduction, le pasteur révéla à sa congrégation que ce serviteur de Dieu était l’une des connaissances de sa tendre enfance et qu’il souhaitait qu’il prononçât quelques mots pour partager et échanger tout ce qui serait approprié pour le service. A cet instant précis, un vieil homme se leva et marcha majestueusement vers le pupitre. Il commença à parler :
« Un jour où il faisait extrêmement beau, un père, son fils et un ami de son fils décidèrent d’effectuer une croisière. Ils naviguaient paisiblement au large de l’océan pacifique, quand soudain un orage éclata et les empêcha de regagner la rive. Les vagues étaient si hautes que quand bien même, le père fut un navigateur expérimenté, il ne pouvait maintenir le cap. Malgré toute la dextérité de ce dernier, les trois hommes furent projetés dans la mer lorsque le bateau chavira dans l’océan. »
Le vieil homme hésita un moment, marqua une pause et établi un contact visuel avec deux jeunes gens distraits qui semblaient pour la première fois intéressés par son histoire.
Le vieux pasteur continua : « Attrapant une corde de secours, le père dû prendre la décision la plus atroce, la plus insoutenable, que dis-je la plus exécrable de sa vie. Son fils était un fervent croyant comme lui-même mais l’ami de son fils n’en était pas. A quel garçon doit-il lancer la corde de secours, non, la corde de vie. Oui, la corde de vie puisqu’à l’autre bout est la vie. Il n’avait que quelques secondes pour prendre sa décision. L’angoisse, la douleur incommensurable qui envahirent son cœur, quelle que soit la décision prise, ne pouvaient être comparées aux flots des vagues qui déferlaient continuellement sur eux. Le père cria alors « Je t’aime mon fils » et lança la corde de vie……. à l’ami de son fils qui s’accrocha désespérément mais fermement à cette corde de vie. Il le tira et le ramena sur le bateau renversé. Son fils avait entre-temps, disparu sous la houle dans l’obscurité totale. Son corps ne fut jamais retrouvé».
Les deux jeunes gens étaient maintenant assis tout droit sur leur siège, attendant anxieusement et religieusement la suite et la fin de l’histoire.
« Le père, fervent croyant, ne pouvait supporter que l’ami de son fils aille dans l’au-delà sans avoir sauvé son âme. Il a donc sacrifié son fils pour sauver son ami ». Il poursuit en guise de conclusion, « qu’il est grand l’amour de Dieu ! Lui qui a sacrifié son fils afin que nous soyons sauvés. Il nous offre journellement et gracieusement son secours. Attrapons fermement la corde de vie qu’il nous tend ».
Aucun bruit dans le temple ! Aucun chuchotement ! Un silence de mort ! Pardon, un silence. Après sa conclusion, le vieux pasteur retourna calmement à son siège et s’assit.
A la fin du service, les deux jeunes gens vinrent promptement vers le vieux serviteur de Dieu et lui tinrent les propos suivants : « quelle belle anecdote mais nous croyons sincèrement que ce n’est pas réaliste ». « Eh bien ! Vous avez marqué un bon point ! » dit le vieil homme. Alors, un large sourire illumina son visage. Regardant de nouveau les deux adolescents, il dit : « bien sûr que cela n’est pas très réaliste, mais voyez-vous, je suis ce père et votre pasteur, l’ami de mon fils ».
Mesdames, messieurs, chers collègues Toastmasters, il est grand le mystère de la foi, me diriez-vous ? Mais aurions-nous lancé ou même pensé à lancer la corde de vie pour sauver autrui ? A qui aurions-nous lancé cette corde de vie ? Ou aurions-nous cherché tout simplement à sauver notre vie ?
Cette histoire m’a bouleversé et me bouleverse encore. Je m’interroge et je continue à m’interroger, certains jours, certains soirs et même aujourd’hui. Encore, encore et encore. Qu’aurais-je fait avec cette corde de vie ? Qu’aurions nous fait avec cette corde de vie ? Qu’auriez vous fait avec cette corde de vie ?
Hyacinthe A. TOURE, MSc
Discours à AGORA Toastmasters Club
4 Octobre 2003
Golf Hôtel International
La corde a longtemps servi à ôter la vie. Au moyen âge et lors de la conquête de l’ouest lointain, « le far-west », elle a servi à pendre haut et court de nombreux bandits de grands chemins mais aussi des innocents. Je ne voudrais par parler de cette corde là. Je voudrais vous parler de la corde de vie. Soyons tout ouïe et transposons nous dans ce temple, lequel ? Peu importe, pour vivre ou nous remémorer cette fabuleuse histoire.
Les fidèles étaient venus nombreux pour participer à l’office religieux ce jour là. Les superbes tailleurs portés par les hommes et les femmes, les senteurs des parfums qui flottaient dans l’atmosphère - que de délices pour la vue et l’odorat - auguraient d’une cérémonie exceptionnelle! Sans aucun doute, un invité de marque y était attendu. A l’heure convenue du début de la cérémonie, le pasteur se leva et marcha lentement vers la chaire. Avant de donner son sermon, il présenta brièvement un pasteur invité.
Dans son introduction, le pasteur révéla à sa congrégation que ce serviteur de Dieu était l’une des connaissances de sa tendre enfance et qu’il souhaitait qu’il prononçât quelques mots pour partager et échanger tout ce qui serait approprié pour le service. A cet instant précis, un vieil homme se leva et marcha majestueusement vers le pupitre. Il commença à parler :
« Un jour où il faisait extrêmement beau, un père, son fils et un ami de son fils décidèrent d’effectuer une croisière. Ils naviguaient paisiblement au large de l’océan pacifique, quand soudain un orage éclata et les empêcha de regagner la rive. Les vagues étaient si hautes que quand bien même, le père fut un navigateur expérimenté, il ne pouvait maintenir le cap. Malgré toute la dextérité de ce dernier, les trois hommes furent projetés dans la mer lorsque le bateau chavira dans l’océan. »
Le vieil homme hésita un moment, marqua une pause et établi un contact visuel avec deux jeunes gens distraits qui semblaient pour la première fois intéressés par son histoire.
Le vieux pasteur continua : « Attrapant une corde de secours, le père dû prendre la décision la plus atroce, la plus insoutenable, que dis-je la plus exécrable de sa vie. Son fils était un fervent croyant comme lui-même mais l’ami de son fils n’en était pas. A quel garçon doit-il lancer la corde de secours, non, la corde de vie. Oui, la corde de vie puisqu’à l’autre bout est la vie. Il n’avait que quelques secondes pour prendre sa décision. L’angoisse, la douleur incommensurable qui envahirent son cœur, quelle que soit la décision prise, ne pouvaient être comparées aux flots des vagues qui déferlaient continuellement sur eux. Le père cria alors « Je t’aime mon fils » et lança la corde de vie……. à l’ami de son fils qui s’accrocha désespérément mais fermement à cette corde de vie. Il le tira et le ramena sur le bateau renversé. Son fils avait entre-temps, disparu sous la houle dans l’obscurité totale. Son corps ne fut jamais retrouvé».
Les deux jeunes gens étaient maintenant assis tout droit sur leur siège, attendant anxieusement et religieusement la suite et la fin de l’histoire.
« Le père, fervent croyant, ne pouvait supporter que l’ami de son fils aille dans l’au-delà sans avoir sauvé son âme. Il a donc sacrifié son fils pour sauver son ami ». Il poursuit en guise de conclusion, « qu’il est grand l’amour de Dieu ! Lui qui a sacrifié son fils afin que nous soyons sauvés. Il nous offre journellement et gracieusement son secours. Attrapons fermement la corde de vie qu’il nous tend ».
Aucun bruit dans le temple ! Aucun chuchotement ! Un silence de mort ! Pardon, un silence. Après sa conclusion, le vieux pasteur retourna calmement à son siège et s’assit.
A la fin du service, les deux jeunes gens vinrent promptement vers le vieux serviteur de Dieu et lui tinrent les propos suivants : « quelle belle anecdote mais nous croyons sincèrement que ce n’est pas réaliste ». « Eh bien ! Vous avez marqué un bon point ! » dit le vieil homme. Alors, un large sourire illumina son visage. Regardant de nouveau les deux adolescents, il dit : « bien sûr que cela n’est pas très réaliste, mais voyez-vous, je suis ce père et votre pasteur, l’ami de mon fils ».
Mesdames, messieurs, chers collègues Toastmasters, il est grand le mystère de la foi, me diriez-vous ? Mais aurions-nous lancé ou même pensé à lancer la corde de vie pour sauver autrui ? A qui aurions-nous lancé cette corde de vie ? Ou aurions-nous cherché tout simplement à sauver notre vie ?
Cette histoire m’a bouleversé et me bouleverse encore. Je m’interroge et je continue à m’interroger, certains jours, certains soirs et même aujourd’hui. Encore, encore et encore. Qu’aurais-je fait avec cette corde de vie ? Qu’aurions nous fait avec cette corde de vie ? Qu’auriez vous fait avec cette corde de vie ?
Hyacinthe A. TOURE, MSc
Discours à AGORA Toastmasters Club
4 Octobre 2003
Golf Hôtel International
1 commentaire :
Qu'aurais-je fait? Je continuerai certainement à me poser cette question moi aussi. Je sais qu'elle risque de ne jamais trouver de réponse.
C'est un discours magnifique.
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