mardi 3 juin 2008

Qui est coupable?

Enfant dans la rue
Enfant dans la rue
"Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants …Mais peu d’entre elles s’en souviennent."
Antoine de Saint Exupéry, in Le Petit Prince.

«Quand un enfant a froid, à l’âge où l’insouciance devrait le nourrir de son pollen ardent irisé de plaisirs…»
. Si je pouvais reprendre cette chanson de l’artiste Nana Mouskouri, j’écrirais: «quand des enfants vivent dans la rue, à l’âge où l’insouciance devrait les nourrir, c’est que des parents ont démissionné».


Le dossier que je défends aujourd’hui, concerne la décision de ma condamnation sans m’avoir entendu. Des personnalités citées par des enfants de la rue comme étant leurs parents, ont porté plainte contre moi. Cette plainte fait suite à la publication des résultats de mes recherches sur la réalité des enfants vivant dans des conditions difficiles. J’ai été ahurie par plusieurs faits. Mais, comme par magie, mes pièces à conviction n’ont pas été remises aux juges. Mes adversaires constitués en collectif ont fait une fausse déclaration. Je demande donc le soutien de tous.


Lisez mon dossier et les éléments fournis pour servir ma défense. Analysez les résultats des enquêtes et les réponses très explicites faites à mes adversaires. Vous comprendrez qu'il ne s'agit pas d'un banal phénomène des milieux dits pauvres, mais bien d'un vrai fléau contre lequel je m'insurge. Il détruit des enfants, telle une gangrène et brise l’avenir de notre nation.

C'est pourquoi je vous demande solennellement de me soutenir contre ce type de comportement indigne de ces parents. Que Justice soit rendue ! Qu'à l'avenir de telles situations dégradantes ne soient plus jamais tolérées ou passées sous silence, comme c'est trop souvent le cas.

En Côte d’Ivoire, les enfants de la rue représentent selon la Banque Mondiale, environ 1 million et demie d’Ivoiriens. Ce phénomène, typiquement urbain, est devenu très alarmant ces dernières années. Selon le Ministère de la Famille, ces enfants, en majorité de sexe masculin, sont âgés en moyenne de 15 ans, analphabètes ou déscolarisés. Ils trouvent refuge dans la rue où ils exercent souvent de petits métiers. Ils sont exposés à tous les dangers. Vêtus de haillons, affamés, le regard triste, ils expriment diversement leur désespoir.

Contrairement à une idée reçue et selon mes dernières recherches, 20% de ces enfants ont leurs parents vivants, hauts cadres de ce pays. Ils n’assument pas leurs rôles dans leurs familles qu’ils maltraitent de surcroît. Quel scandale!

Il y a des révélations troublantes qu’on veut me faire taire. Mais, c’est mal me connaître! Je n’ai rien à me reprocher et je ne me défends pas, mais au contraire j'accuse avec preuves. Je ne crains pas que mes adversaires apportent aujourd'hui des démentis justifiés qu'ils n'ont pas su apporter hier, malgré mon insistance. Cette condamnation inopportune et le détournement de mes pièces à conviction signent leur culpabilité évidente. Ils restent la meilleure marque de leur incapacité à justifier les délits qui me sont reprochés. Ces délits n'existant donc pas, la peine qui m’est très injustement infligée devient illégale. Mon dossier remis à mes avocats, démontre preuves à l'appui, cette nullité et permet à la Cour, sur votre avis, d’ordonner aussitôt ma libération.

Cependant, force est de constater que mes adversaires m'ont assignée sur la base de griefs totalement inexistants et de mensonges grotesques. Ils se sont en plus, magistralement rendus coupables d’abandon d’enfants et de mauvais traitements. Ces faits réels consignés par courriers recommandés n'ont jamais été démentis par eux. Ils sont maintenant bien gênés par leurs actes ignobles qu'ils cherchent à occulter par tous les moyens, comme le prouve, de manière limpide le dossier annexé à cet exposé. Par des méthodes dignes d’une mafia, des documents et unités centrales ont disparu de mon bureau cambriolé et des feuilles arrachées de mon tableau de conférence.

Par ailleurs, j’ai été victime de chantage. J’ai des preuves officielles incontestables. En effet, après d'incessantes manœuvres déloyales et malsaines visant à démolir les résultats de mes recherches, ils ont tenté l'intimidation. Je suis victime d'un complot, pour enterrer au plus vite le résultat de mes travaux.

Je ressens donc cette annonce brutale de ma peine comme une terrible injustice. 15 ans d'une carrière sans encombre vont être réduits à néant! N'ayant commis la moindre faute méritant un tel jugement, je me demande quel motif réel étayera cette curieuse sentence? Pourquoi les motifs me condamnant sont-ils restés officiellement secrets? Suis-je sous le coup du Secret Défense? Tout cela est-il bien loyal et normal envers une citoyenne qui n’a fait que son devoir? La liste ici présente donne une idée des nombreux documents, visiblement triés et jugés par mes adversaires comme étant trop encombrants pour servir leur cause.

Qui est donc coupable dans cette affaire? Celui qui cache honteusement la vérité, ou celui qui veut qu’elle éclate? J’espère que la raison l'emportera, que le droit sera dit et que la Vérité jaillira.

Je demande alors avec gravité, ma libération logique et légitime.
Je demande aux familles de jouer leur rôle car toute éducation commence en leur sein.
Je demande aux ONG de jouer pleinement leur rôle d’assistance auprès des familles en relation avec l’Etat.


Je demande à l’Etat d’initier une politique adéquate de population. 
Levons nous comme un seul homme pour dire « stop ! » au phénomène des enfants de la rue » ! Je vous invite en conséquence à une concertation pour élaborer des stratégies idoines visant à endiguer ce fléau.

A propos de l'auteur: Avec cette histoire "presque" vraie, Madame Georgette ZAMBLE SOUKOU défend avec brio la cause des enfants de la rue. Assistante Vice-Président Adhésions du Club AGORA Toastmasters Club d'Abidjan, Madame Georgette ZAMBLE SOUKOU est psychologue et Directeur Général du Cabinet Expertises Mega, spécialisé dans l'ingénierie de développement local.

1 commentaire :

Anonyme a dit…

C'est drôle mais ce (vrai/faux)plaidoyer m'a vraiment fait craindre pour Georgette.Contribuer à la concertation sur la résolution de cette triste situation doit être l'affaire de tous.Sujet brûlant d'actualité car ces enfants après avoir nourris la délinquance urbaine sont à la portée des rebellions.Sinon d'où viennent les combattants imprévus et imprévisible du coup d'état mué en rebellion? De la rue et du chômage.Loin d'être politique,mon propos vise à montrer après un si brillant exposé de la situation les dangers qui s'y rattachent.A la question de savoir qui est coupable,je crois humblement que nous sommes tous coupables de ne pas nous y intérresser vraiment.De cette sorte d'intérêt qui pousse à l'engagement et à l'action.Au reste,le leadership avant d'être politique,professionnel ou réligieux devrait être d'emblée familial.Beau plaidoyer.