mercredi 14 mai 2008

Les Africains face à leur histoire

« Dieu est grand, mais Blanc n’est pas petit ! ». Chacun de nous a souvent entendu cette réflexion, ou l’a même déjà faite. En effet, c’est fréquemment par cette phrase que l’on manifeste son émerveillement face à une prouesse technique ou scientifique. Cela prouve à quel point pour l’africain d’aujourd’hui, la science est l’apanage exclusif du « blanc » (entendons par ce terme les occidentaux). 

Cette idée si ancrée en nous que même de grands intellectuels, Chantres de la Négritude, l’ont affirmée dans leurs oeuvres. En effet, parlant des Nègres, Aimé CESAIRE dit fort joliment: « ceux qui n’ont inventé ni la poudre ni la boussole, ceux qui n’ont jamais su dompter ni la vapeur ni l’électricité, ceux qui n’ont exploré ni la mer ni le ciel », tandis que son ami SENGHOR proclame que « l’émotion est nègre et la raison est hellène ».

Qu’en est-il en réalité ? Quel fût l’apport des Noirs (des Nègres) dans le développement scientifique de l’humanité ?



L’histoire de l’Antiquité a été écrite par de grands historiens occidentaux, les Anciens (Hérodote, Diodore, Strabon, Pline, Tacite, etc.), dont personne ne met en doute le sérieux des connaissances et des témoignages. Tous s’accordaient cependant pour dire que l’Egypte Antique a civilisé le monde, et que les égyptiens étaient des nègres!

Plus tard, de nombreux pseudo- scientifiques (Friedrich HEGEL et le Comte de GOBINEAU pour ne citer que les plus célèbres), pour les besoins de causes sordides (esclavage, colonisation, etc.) ont tenté de faire croire que le Nègre est un « grand enfant », demeuré à l’état de nature, sauvage et barbare, incapable de théorisation et d’invention, auquel il fallait que l’Occident apportât la Civilisation ! Quand on observe les attitudes de la plupart des Nègres d’Afrique et de la diaspora d’aujourd’hui, on peut dire que le travail d’aliénation savamment et obstinément mené par le colonisateur a porté fruits au-delà de ses propres attentes !

Il fallut l’avènement de scientifiques africains, notamment du sénégalais Cheick Anta DIOP, pour que la vérité scientifique fût enfin démontrée. En effet, c’est cet esprit encyclopédique (physicien, égyptologue, archéologue, historien, anthropologue, linguiste, etc.) qui, à travers ces oeuvres majeures que sont « Nations nègres et Culture » et « Civilisation ou barbarie », va défier la communauté scientifique internationale en démontrant de manière irréfutable et dans diverses disciplines, l’antériorité de la civilisation égyptienne et son caractère nègre.

Mais en quoi l’héritage de l’Egypte antique est-il si important pour qu’on veuille le dénier aux nègres ?

Il faut savoir que la Grèce antique est considérée comme la source de la civilisation occidentale. Il est cependant prouvé et admis aujourd’hui que presque tous les grands savants de cette époque (Pythagore et Platon notamment, de même que Thalès et Archimède) ont été initiés en Egypte. Selon l’égyptologue Serge SAUNERON, « l’Egypte était aux yeux des Grecs, comme le berceau de toute science et de toute sagesse .Les plus célèbres parmi les savants ou les philosophes hellènes ont franchi la mer pour chercher, auprès des prêtres, l’initiation à de nouvelles sciences. Et s’ils n’y allèrent pas, leurs biographes s’empressèrent d’ajouter, aux épisodes de leur vie, le voyage devenu aussi traditionnel que nécessaire ! ».

En effet, les connaissances de l’Egypte ont une étendue et une profondeur surprenantes dans le domaine des Sciences et des Arts. En voici quelques illustrations :

  • En mathématiques, on sait que 2000 ans avant Archimède, les Egyptiens possédaient la formule exacte de la surface de la sphère. Ils connaissaient aussi celle du volume du cylindre, le mode de calcul de la surface du cercle, le problème de la quadrature du cercle, etc. ;
  • En trigonométrie, ils savaient notamment le « calcul de la pente d’une pyramide à partir des lignes trigonométriques habituelles : sinus, cosinus, tangente ou cotangente » ;
  • En algèbre, ils pouvaient parfaitement résoudre des équations du premier et du second degré.
  • En astronomie, en 4236 av JC, ils avaient mis au point un calendrier astronomique dans lequel l’année était divisée en 365 jours, soit 12 mois de 30 jours auxquels on ajoute 5 jours supplémentaires.
  • En techniques industrielles, la métallurgie du fer y a été inventée 2700 ans avant JC !
  • En architecture, les pyramides témoignent amplement de leurs compétences. Par exemple, la pyramide de KHEOPS, a été bâtie en 2550 av JC, avec des proportions utilisant le nombre d’Or, sur un plan carré de 230 m de côté, et a nécessité le transport de 2.300.000 blocs de pierres pesant chacun plusieurs tonnes !
  • Sur le plan spirituel, le monothéisme a pris naissance, bien avant Moïse, en Egypte sous le règne du pharaon AKHENATON ; l’hymne à ATON proclame par exemple : « Ô toi le Dieu Unique, à part lequel il n’y en a pas d’autres ! ».
Bref, il serait prétentieux de vouloir mesurer la contribution de l’Egypte Antique dans la Connaissance universelle, surtout dans le cadre d’une si brève communication. Je me contenterais d’exhorter tous les nègres à se réapproprier leur histoire, pas dans un désir narcissique, mais pour le partager avec les autres races et y trouver des motifs légitimes de fierté, et surtout la volonté et le courage de s’élancer pour conquérir un avenir radieux fait de paix et de progrès pour tous les peuples du monde.
A propos de l'auteur: Moussa DIALLO est membre du Club Toastmasters BAOBAB de Ouagadougou, Capitale du Burkina Faso.

1 commentaire :

Bruno a dit…

Article très intéressant, vraiment. Il est vrai que le sujet est à étayer mais la démarche ne peut qu'être saluée.